Certains pensent qu’il suffirait de ne pas évoquer ce qui se passe réellement au sein et autour de notre système éducatif pour que son statu quo soit préservé. Les autruches ne font pas mieux !
De la sorte, je crains que nous soyons
face à l’un des futurs grands ratés dont l’Éducation nationale a le secret,
mais qui sera le pire de tous.
Une
dislocation
Malgré ses spécificités (dont sa grande
rigidité bureaucratique), notre système éducatif n’échappe pas aux évolutions planétaires.
C’est très inquiétant car elles ne sont pas anticipées par le milieu
pédagogique français qui s’emploie même à les ignorer. Auto-aveuglé, il ne se
prépare pas aux évolutions et ne se donne pas les moyens intellectuels d’avoir
prise sur ce qui l’attend. Veut-il vraiment tenter de maîtriser les changements ? On
peut en douter.
Sa façon ancienne et attristante d’aborder
des problèmes plus ou moins nouveaux ne lui permet, dans le meilleur des cas,
que de formuler des constats, mais faits trop tardivement
pour qu’il soit encore possible d’intervenir avec efficacité. Pourquoi seulement
subir les mutations et ne pas construire l’avenir ? Beaucoup d’arbres
dissimulent la forêt des questions taboues.
On assiste pourtant aux prémices d’une
double dislocation : l'une, d’origine externe, importée via les réseaux mondiaux
et favorisée par les fameux GAFA ; l'autre d’origine interne, conséquence de cet aveuglement
volontaire et de l’irresponsabilité collective. Résultat : le système éducatif
menace, sous peu, de s’effondrer sur ceux qui le constituent.
L’avenir
est aux formes non scolaires
Non seulement on assiste à une
fragmentation générale des systèmes éducatifs nationaux, comme l’a constaté un
récent numéro de la Revue internationale d’éducation de Sèvres[1],
mais la forme scolaire est en cours de dislocation, surtout dans
les pays économiquement développés.
On parle de « forme scolaire »
pour désigner à la suite du sociologue Guy Vincent l’organisation du travail
pédagogique des élèves, c’est-à-dire le classique découpage en classes plus ou
moins homogènes, souvent selon l’âge (mais ce n’est pas le cas des écoles à
classe unique), avec une organisation précise de l’espace, complétée de
modalités de travail formalisées en présence d’un enseignant (parfois de
plusieurs) formé pour exercer son métier et pour conduire les activités des
élèves. Les pratiques pédagogiques s’inscrivent dans des règles écrites, générales et impersonnelles, qui émanent des pouvoirs organisateurs (de l’État en France,
qui décide des programmes, des horaires, des examens…).
Cette organisation de l’école fut inspirée,
en gros à partir du XVIIe siècle, par des congrégations, puis étendue
au monde occidental, aux territoires colonisés, et plus tard à l’ensemble des
pays, renforcée par les recommandations des instances internationales.
Parler de forme scolaire c’est laisser entendre
qu’il existe des formes non scolaires d’éducation.
Nous allons le voir, ce sont elles qui se
multiplient, se diversifient, s'accumulent et tendent à occuper une place de plus en
plus importante, laissée vacante par une forme scolaire sclérosée, déliquescente, et par un
système arrivé à la limite de son effondrement sur lui-même.
En
France, l’actuelle domination de l’école étatique
Le système éducatif français est avant
tout étatique ; c’est l’une de ses caractéristiques lorsqu’on le compare à
celui de beaucoup d’autres pays.
Certes, en France, existent un nombre
important d’écoles privées, mais 95% d’entre elles sont sous contrat avec
l’État ; elles suivent les programmes nationaux, appliquent les mêmes
horaires que les écoles publiques, ont des enseignants formés de la même façon
que ceux du public, payés par l’État et inspectés par les inspecteurs de
l’État. L’école française est donc bien une école étatique.
L’imbroglio que je vais évoquer ci-dessous,
à grands traits, est tout autre. Il concerne souvent des effectifs relativement
réduits d’élèves, mais dont le nombre est en pleine expansion depuis quelques
années (évolution en quantité et en variété). Il évoque aussi des parties beaucoup plus
conséquentes, complémentaires du système formel, peu visibles et pour cela sans
doute rarement évoquées par les enseignants, alors que, pourtant, elles tendent à jouer
un rôle de plus en plus important.
Ainsi, last
but not least, la partie informelle se substitue progressivement à
la partie formelle, tout au moins à une fraction de celle-ci ; cette ubérisation de l’école est une tendance
lourde, en France comme ailleurs. Elle mériterait que le corps enseignant s’en
empare, comme de vrais professionnels devraient le faire.
Le
développement des écoles privées hors-contrat
Le milieu pédagogique peu sensible aux
tendances lourdes (qu’il n’observe pas) et au sens de leurs évolutions, parle
peu des écoles privées hors contrat en raison de leur faible nombre relatif
(1 300 écoles en regard de 60 000 autres). Pourtant, ce nombre
augmente de façon spectaculaire depuis peu. Il préfère les ignorer et ne pas
s’interroger sur le sens de ce phénomène.
La catégorie d’écoles la moins nombreuse,
mais que l’on évoque le plus dans les médias, concerne les écoles
confessionnelles (environ 300) liées aux diverses religions, notamment à
l’islam (50 musulmanes en 2016, mais 200 catholiques, 50 juives et quelques
autres).
Les conditions d’ouverture et de contrôle
par l’État des écoles privées hors-contrat viennent d’être précisées par
décret.
L’accroissement le plus net concerne des
écoles dites alternatives comme l’École alsacienne (célèbre pépinière d’élites) :
par an, près d’une centaine de ces écoles alternatives apparaissent, dont la
moitié sont quelques écoles Steiner, mais le plus souvent des écoles Montessori,chères aux bobos des centres villes pour qui les frais d’inscription ne sont
pas un obstacle. Bien sûr, elles favorisent aussi « l’entre soi » que
recherchent certaines familles.
En fait, les écoles Montessori constituent
un ensemble bigarré[2]. Elles
sont au nombre de 22 000 dans le monde, en augmentation au rythme de 6%
par an malgré leur coût pour les parents. En France, même si elles sont encore moins
de 300, leur essor fait évoquer la « mode Montessori ». Plusieurs
collèges et un lycée s’en réclament.
Pour dire vrai, je crains qu’il ne
s’agisse pas d’une mode mais d’une tendance en cours d'expansion, portée par une
fraction de plus en plus large de la population, en France comme ailleurs. C’est un tort de négliger
ce qu’exprime ce symbole ; il n’y a pas mieux qu’un manque de vigilance
pour ne rien voir venir !
Le
doublement de l’enseignement à domicile
Là encore, le faible nombre relatif d’enfants
concernés par l’enseignement à domicile (moins de 5% des élèves) rend le
phénomène peu visible, ignoré comme s’il était réservé à d’autres pays que le
nôtre. Pourtant en France, entre 2010 et 2016, les effectifs ont soudainement doublé,
attirant l’attention des pouvoirs publics. Vers quoi allons-nous ?
Ne sont pas comptabilisés dans les
statistiques officielles les très bons élèves de lycées qui
viennent irrégulièrement assister à certains cours, préférant, pour les autres,
travailler à la maison ou en divers lieux, notamment pour mieux préparer un Bac
qu’ils veulent réussir avec mention... et ils y arrivent. On comprend que pour
leurs statistiques, les lycées tiennent à les faire apparaître dans leurs
résultats et, pour cette raison, ils ne signalent pas leur présence aléatoire. Quand ils sont entre eux, les proviseurs de lycées en parlent beaucoup.
Que signifie cette évolution sociétale ?
Vers quoi va-t-on ?
L’école inversée, l’usage de MOOC et de
sites (bons et mauvais) ne sont sans doute que de simples pis-aller,
révélateurs des évolutions mondiales. La vraie question : que préfigurent-elles ?
En France, la rapide expansion ces toutes
dernières années de ces écoles et de ces modalités pédagogiques nouvelles sont de simples alternatives
partielles à l’école étatique, mais qui s’ajoutent les unes aux autres.
Vers
une société sans école ?
Allons plus loin. Ce que nous évoquons ci-dessous concerne des secteurs adjacents à l’école formelle qu'ils complètent.
En fait, de plus en plus souvent, des
offres éducatives se substituent à l’école, en partie pour l’instant, mais
totalement peut-être demain, au moins pour certaines catégories d’élèves. C’est
un peu l’école hors l’école qui est en marche et semble vouée à tout écraser
sur sa route.
Les hypothèses de société sans école, avancées
prématurément en 1970, par Yvan Illich, semblent en voie de réalisation, au
moins partiellement. Des experts de ces questions vont même jusqu’à prédire un
effondrement des systèmes formels d’ici 5 ans, c'est-à-dire demain. Ont-ils raison ? Sur quoi
se fondent-ils ? Qu’en est-il en France ? Notre pays peut-il être épargné ?
Les
actions éducatives proposées par des associations
On présente les Projets éducatifs de territoires (PEDT) comme un
secteur éducatif complémentaire et articulé avec celui des apprentissages
assurés, en principe, à l’école.
Le nombre des actions de ce type, leur
ampleur et leur variété ne font que croître. Les calamiteuses modifications des
rythmes scolaires les ont placées en première ligne, au contact des
municipalités, des départements et des parents d’élèves qui considèrent que là,
au moins, ils ont leur mot à dire ; ils peuvent choisir les associations,
les activités, les horaires…
Les enseignants s‘impliquent a minima dans
ce secteur adjacent qui travaille sur une échelle temporelle plus large que les
périodes d’enseignement puisque souvent certaines activités se font pendant le temps
des nombreuses vacances scolaires. Le ministre les incite à modifier leur attitude. Cela aura-t-il un effet ?
Tout au long de l’année les élèves leur consacrent
une part importante de leur temps, nous le verrons. Cela va d’activités
sportives, culturelles, scientifiques ou linguistiques, à l’aide aux devoirs, à l’orientation
et à la préparation des examens.
Le
considérable petit dernier : les temps et lieux tiers (TLT) de formation
Un rapport de février 2018, remis à la
ministre des solidarités et de la santé, émanant du Haut Conseil de la famille,
de l’enfance et de l’adolescence (HCFEA) a mis sous les projecteurs ce domaine
en plein développement, qu’il nomme les
temps et les lieux tiers des enfants et des adolescents, hors maison et
hors scolarité. Ils se situent entre l’école formelle et la famille, entre
l’école étatique et la considérable école du marché que nous décrivons pus loin.
Le rapport de ce Haut conseil présente ce
secteur comme le 3e éducateur de l’enfant.
Il mobilise 25% de leur temps (c’est donc
énorme !), le reste se partageant entre le temps scolaire (y compris les
devoirs à la maison), seulement 32%, et le « faire en famille[3] »,
30%. Ces trois temps sont donc d’ampleur comparable.
En termes d’apprentissage et d’éducation,
qui se soucie de la cohérence de l’ensemble ? De son efficacité ? Certes,
un peu les familles, mais seulement à la marge. D’ailleurs, seules, sans aide, sont-elles
en mesure de le faire ? Surement
pas toutes.
Les professionnels de l'éducation ne se sentent pas
concernés. Pourquoi abandonnent-ils progressivement des pans entiers du paysage
éducatif, comme dans la vente d’un immeuble par appartements ? C’est surprenant
et désolant.
Ce tiers secteur concerne plusieurs types
d’activités : sports (80% des enfants), arts et culture (40%), sciences et
techniques (10%) pratiques d’engagement et le vivre ensemble (encore faible). Les
activités liées aux usages du numérique sont transversales et touchent presque
tous les domaines. Bien sûr, certains enfants s’investissent dans plusieurs et d’autres dans aucune. La diversification est maximale.
La mise en œuvre de ce tiers secteur est
territorialisée et l’on observe d’importantes différences locales. Avec des
modèles économiques très différents, outre par le travail de nombreux bénévoles, les
actions sont assurées contre rétributions par des associations (65%), des
collectivités locales (17%), des sociétés commerciales (11%) et des comités
d’entreprises (4%).
L’ensemble du tiers secteur bénéficie d’un
financement massif, peu structuré, mais de l’ordre de 5 milliards d’euros (ce n'est pas rien !), et que le
Haut conseil demande d'accroître encore de façon considérable malgré la faiblesse
évidente de sa gouvernance et de sa régulation. Comment s’explique son étrange émergence ?
Encore plus curieux : ce secteur est
présenté comme un relais entre les familles et les enseignants. Pourquoi est-il
nécessaire ? Cela en dit long sur l’incompréhension qui règne entre les
professionnels de l’éducation et les familles !
Il serait aussi un soutien à la
parentalité, une aide pour la lutte contre les inégalités et il faciliterait les
trajectoires scolaires des enfants. Autant de sujets que l’on pourrait s’attendre
à être pris en charge pas les professionnels de l’éducation, alors qu’ils se
contentent de voir passer les trains… lorsqu’ils observent le paysage, c’est
tout dire ! Pourtant le pire n’est pas encore là.
Le
pouvoir croissant de l’école du marché
J’appelle « école du marché » un
considérable secteur récent de l’économie que je vais décrire. C’est tout autre chose
que les écoles privées étatiques évoquées plus haut.
À la suite de Mark Bray[4]
à l’origine du concept et des premières recherches internationales sur ce sujet
il y a près de 20 ans, les chercheurs parlent de shadow education.
Nous pouvons constater que l’école de
l’ombre est arrivée en pleine lumière.
Ce phénomène venu d’Asie où il est
apprécié car conforme à la cultures confucéenne, il propose depuis plus de 25
ans aux élèves volontaires (en fait, presque tous), avec l’accord des familles
qui payent parfois des sommes considérables (c’est l’école du marché !) des
activités extra scolaires quotidiennes et très individualisées. Elles viennent
en appui ou en complément de l’école formelle.
Parfois même, comme en Corée du sud, elles
se substituent pour 20% au temps scolaire ; on craint qu’elles le fassent en
attendant d’arriver à une situation où le temps d’apprentissage à l’école sera
beaucoup moindre que celui du travail à la maison. Elles s’y préparent.
L’école du marché s’est étendue en Europe
et (incroyable !) c’est en France qu’elle est le plus développé, à travers
de multiples pratiques et modalités variées à l’extrême, avec ou sans Internet.
Cela est particulièrement visible avec les nombreuses officines type Acadomia,
qui ont pignon sur rue, font de la publicité sur les médias nationaux et locaux,
dans le métro et sont même parfois cotées en bourse.
Selon les économistes, leur chiffre
d’affaire, difficile à connaître avec précision, augmenterait de 10% par an[5]
et, au total, en France, ils l’estiment à 3 milliards d’euros !
Par altruisme, pour tenter de limiter
cette ubérisation insidieuse de l’école déjà considérable par son ampleur, la
MGEN, la MAIF, ainsi que des organismes à but non lucratifs et beaucoup de
sites proposent, gratuitement ou à des tarifs très bas, des activités
semblables.
Le ministère s’y emploie lui aussi avec
des dispositifs de soutien scolaire gratuits, dont celui
intitulé « Devoirs faits ». Il invite les enseignants à
s’impliquer plus dans les activités périscolaires à travers un « plan
mercredi » ; sans doute le fait-il aussi pour tenter de limiter
les dégâts causés par la modification des rythmes scolaires[6].
Tout cela contribue à augmenter la variété
globale de l’offre composite et complémentaire à l’enseignement, à la valoriser
et surtout à banaliser l’importance croissante de cette école de l’ombre.
Son ampleur et son développement très
rapide font craindre, sans doute à juste titre, que sous peu ce qui restera du système formel ne sera
plus que l’ombre de l’école de l’ombre !
Quel
est le sens de ces évolutions ?
En France, ces diverses évolutions, peu
systémiques, se cumulent simplement. Elles reflètent une attente des familles, leur quête, devenue effrénée, de totale individualisation des apprentissages. Cette
attente s’appuie sur l’éducation assurée par le 2e et le 3e
éducateur des enfants, auxquels s’ajoute l’école du marché. Résultat : à
chaque famille son programme personnalisé pour son enfant.
Seule est donc recherchée l’individualisation
la plus poussée possible et, désormais, tout est là pour faciliter ce désir des familles. C’est le sens du rapide développement de cet énorme agrégat composite.
Comme les professionnels ne leur viennent
pas en aide, les parents font seuls leurs choix dans le vaste menu à la carte qu’ils
découvrent avec l’aide d’Internet. Ils prennent un peu de tout, limités
seulement, comme certains fumeurs, par les coûts financiers.
Chaque famille constitue son patchwork, bien sûr, avec ses limites,
essentiellement financières, mais idéologiques dans quelques cas. Elles n'en parlent jamais avec les professeurs de leurs enfants.
Résultat : l’individualisme se
renforce de plus en plus, alors qu’une fraction conséquente du corps enseignant
rêve encore d’utopiques et sympathiques projets collectifs…
Le fossé ne fait donc que se creuser entre
le milieu pédagogique et la société civile.
Perspectives
Le système formel va-t-il, sous peu,
s’effondrer sur lui-même ? Ce n’est pas impossible car les ingrédients et
les conditions sont réunis pour que ce risque soit crédible. Après l'actuelle période où tout cela se développe en complément de l'école formelle, le temps de la substitution, au moins partielle, s'annonce.
Quelle société voulons-nos préparer pour nos enfants et
qu’attendons-nous de l'École ? Il n’y a pas de réponses consensuelles à
ces questions. De plus, en France, l’État qui jadis pesait de façon hégémonique
sur ce registre, a perdu sa capacité de décider seul des règles du jeu social
et économique.
Plus redoutable encore : le système
formel n’est plus qu’un « fournisseur » partiel de services éducatifs
parmi d’autres, et sans que l’on distingue bien, désormais, à qui il est vraiment
destiné.
C’est certain, de nombreuses familles
quitteront l’école formelle durant la prochaine décennie et cela a déjà commencé,
soit parce qu’elles n’ont plus foi en l’École comme ascenseur social, soit
parce qu’elles trouvent mieux et plus efficace ailleurs, selon leurs critères, le
coût de ces alternatives n’étant pas leur souci.
L’ubérisation n’a pas fait disparaître les
taxis, ni Pôle emploi, ni les hôtels. Les théâtres privés n'ont pas tué la Comédie française. Une fraction de l’école formelle demeurera donc, probablement pour accueillir les
enfants d’une importante « classe moyenne inférieure », limitée par
les coûts de l’école du marché et surtout parce qu’elle fonde encore sur l’École
et les diplômes son dernier espoir pour ses enfants.
Les enseignants français sont-ils prêts à faire
face à ces rapides évolutions sociétales, à s’en emparer pour sauver l’École
s’il est encore temps ?
[1] La fragmentation des systèmes scolaires nationaux, Revue internationale d’éducation de Sèvres, N°
76, décembre 2017.